La neurodiversité dans le recrutement

24 février 2025

Dans un monde du travail encore largement pensé pour les profils dits « neurotypiques », les personnes neuroatypiques (nommées parfois  neuro-divergentes) rencontrent de nombreuses difficultés, notamment en matière d’insertion professionnelle. Pourtant, la neurodiversité constitue une richesse pour les entreprises, apportant des compétences et des modes de pensée différents. Comprendre ce qu’est la neuroatypie, identifier les discriminations auxquelles elle expose et mettre en place des solutions adaptées sont autant d’étapes nécessaires pour favoriser un environnement professionnel plus inclusif.

Définition du terme “neuroatypique”

Le terme « neuroatypie » désigne un fonctionnement cognitif et neuronal qui ne correspond pas à la norme dite « neurotypique »¹. Il regroupe différents troubles du neurodéveloppement, tels que le trouble du spectre autistique (TSA), les troubles dits « dys » tels que la dyslexie (difficultés de lecture), la dysphasie (troubles du langage), la dyspraxie (troubles du développement moteur), le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) ou encore le syndrome de Gilles de la Tourette (caractérisé par des tics moteurs ou sonores). De 10 % à 15 % environ des salariés seraient neuroatypiques dans le monde. En France, environ 700 000 personnes sont concernées par des troubles du spectre de l’autisme (TSA), soit 1 % de la population, avec 8 000 naissances d’enfants touchés par an².

Les discriminations des personnes neuroatypiques

Etat des lieux en France

Les discriminations à l’égard des personnes neuroatypiques sont bien présentes en France, particulièrement en ce qui concerne leur insertion dans le milieu professionnel. Selon une étude, seulement 5 % des adultes autistes ont accès à un emploi³, un taux alarmant qui met en lumière les nombreux obstacles auxquels les personnes neuroatypiques sont confrontés.

Les préjugés liés aux profils neuroatypiques

Les personnes neurodivergentes font face à des discriminations lors du recrutement, souvent dues à une méconnaissance de leurs particularités. Ces stéréotypes ont des conséquences directes sur leur insertion professionnelle.

Plusieurs préjugés leurs sont attribués, comme le fait qu’elles soient rêveuses, ce qui suppose qu’elles sont déconnectées de la réalité et incapables de se concentrer sur des tâches concrètes. D’autres les jugent incompétentes, sans tenir compte des capacités spécifiques qu’elles peuvent développer.

Certaines personnes neurodivergentes sont également perçues comme lentes, ce qui dévalorise leur capacité à accomplir des tâches efficacement. Enfin, un autre préjugé est qu’elles seraient ingérables, ce qui engendre une vision erronée de leur relation à l’autorité ou de leur capacité à travailler en équipe.

Les particularités des profils neuroatypiques

Les qualités des profils atypiques

Les profils neuroatypiques présentent des qualités qui peuvent apporter un véritable plus au sein d’une équipe. Leur manière de penser différente est une source de nouvelles idées, ce qui stimule la créativité et l’innovation. En effet, grâce à leur capacité à aborder les problèmes sous un angle unique, ils sont souvent particulièrement efficaces pour résoudre des situations complexes. De plus, ils possèdent d’autres compétences comportementales recherchées, telles qu’une grande capacité de concentration et un goût pour les tâches répétitives³, ce qui peut être particulièrement utile dans certains métiers. 

Les difficultés que rencontrent ces profils

Les personnes neuroatypiques rencontrent des difficultés dans les relations sociales, notamment parce qu’elles ont du mal à interpréter les signaux non verbaux, tels que les expressions faciales ou les gestes. Cette incapacité à lire ces signaux peut engendrer des malentendus et rendre les interactions sociales plus compliquées.

De plus, ces profils peuvent souffrir d’hypersensibilités à leur environnement. Des éléments comme le bruit, la lumière ou les mouvements peuvent devenir des sources d’anxiété et provoquer des crises de surcharge sensorielle. 

Les solutions pour améliorer leur qualité de vie au travail

Pour améliorer la qualité de vie au travail des personnes neuroatypiques, il est essentiel d’aménager des espaces de travail plus calmes. Cela permet de réduire les stimuli environnementaux et d’offrir un cadre plus propice à la concentration et au bien-être. De plus, proposer la possibilité de télétravailler constitue une autre solution efficace qui offre plus de flexibilité et permet aux membres du personnel neuroatypique de travailler dans un environnement plus adapté à leurs besoins.

Ces aménagements sont bénéfiques pour les personnes neuroatypiques, mais aussi pour l’ensemble du personnel et l’entreprise⁴.

Attirer les profils neuroatypiques dans le recrutement

Pour attirer des profils neuroatypiques dans votre entreprise, il est recommandé de mettre en place des stratégies de recrutement inclusives. L’entreprise peut s’associer à des organismes spécialisés dans le recrutement et l’accompagnement des personnes neuroatypiques. Il est également important de diffuser les annonces sur différents canaux, en veillant à ce qu’elles soient rédigées de manière inclusive, en mettant l’accent sur les compétences requises.

De plus, nous vous conseillons de mener les entretiens dans des environnements calmes afin de réduire les stimuli sensoriels. En amont de l’entretien, pensez à préparer une grille d’entretien pour s’intéresser uniquement aux compétences pour le poste. Sensibiliser les managers et responsables RH à la neurodiversité est également important pour créer un environnement inclusif et déconstruire les stéréotypes associés aux profils atypiques.

Favoriser l’inclusion des personnes neuroatypiques en entreprise ne relève pas seulement d’une démarche éthique, mais aussi d’un enjeu de performance et d’innovation. En adaptant les processus de recrutement, en aménageant les espaces de travail et en sensibilisant les équipes à la neurodiversité, les entreprises peuvent tirer parti des talents de ces profils atypiques. Une approche inclusive permet ainsi de créer un environnement où chacun peut s’épanouir.

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Sources

¹D. J. Hare, S. Jones et K. Evershed, « A comparative study of circadian rhythm functioning and sleep in people with Asperger syndrome » in Autism: The International Journal of Research and Practice , Volume 10 (6): 11 – Nov 1, 2006  et  K O’Connor, JP Hamm et IJ Kirk, « The neurophysiological correlates of face processing in adults and children with Asperger’s syndrome », in Brain and Cognition , 2005 – Elsevier

²L’insertion socioprofessionnelle des personnes neuroatypiques en France, par Vincent Fluro, 2022

³Autisme et emploi, Etat des lieux et perspectives, avril 2023

⁴Neurodiversity and National Security: How to Tackle National Security Challenges with a Wider Range of Cognitive Talents, C. Weinbaum, Omair Khan, Theresa D. Thomas, Bradley D Stein, 1 septembre 2023

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